Mes errances dans les rues de la ville m'amènent souvent à plus de 20 mètres sous le bitume. Il y a aussi des rues sous les rues.
Ces portfolios ont pour but de vous présenter mon travail photographique autour des catacombes.
L'empreinte visuel du réseau en ce début de décennie, un panorama des galeries telles qu'elles sont aujourd'hui.
Une empreinte chargée d'histoire et en évolution permanente.
Ce qui m'intéresse outre la richesse culturelle et historique du lieu, c'est avant tout son esthétisme et son ambiance : les ombres et les lumières, toutes ces textures et matières différentes,
ces perles architecturales ou naturelles, ces couleurs ...
A cela s'ajoute ce qui relève du sensoriel, le silence, l'isolement, les ténèbres mais aussi les odeurs, les courants d'air, l'humidité ou les matières minérales.
Tout les sens sont en éveils, les moindres détails ou traces ont leurs importances.
Des sensations difficilement transposables en images mais qui au final participe quand même à l'ambiance visuelle.
Ensuite c'est surtout son caractère vivant et habité qui a motive ce panorama géant.
Sur les murs se côtoient les épures, dessins et messages a la mine de plomb ou au fusain fait par des carriers ou des soldats ainsi que les proto-tags et signatures d'aventuriers du 18° siècle ou d'avant guerre.
Le tout parfois avec gout et talent, parfois moins.
Des sculptures magnifiques tapissent certaines salles, d'autres bénéficient d'excellents aménagements mobiliers, voir de modifications de la structure même de la salle.
Parfois réalisé avec un professionnalisme rare, ce qui nécessite des chantiers très longs s'étalant sur des années.
Les tacts et autres messages se cachent entre les pierres, Des objets incongrus sont parfois ramené de la surface tel une offrande en guise de décoration.
Quand une salle, un accès ou une zone disparait suite à l'injection de béton d'un promoteur immobilier, a un plan de "consolidation" de l'IGC ou bien encore a une action de régulation des accès par les pouvoirs publics ... d'autres scellés depuis des décennies ou la veille se ré-ouvrent aussitôt.
Une salle ou une œuvre est détruite par vandalisme, ailleurs dans le réseau une autre création voit le jour dans la pénombre pendant que la crémaillère d'une toute nouvelle salle est fêtée quelque part.
Certains créer, d'autres détruise, certains rénovent quand beaucoup d'autres ne font que passer, d'une certaine manière chacun laisse sa trace par ce qu'il laisse ou simplement sa présence et il contribue a rendre ces lieux si particuliers.
En bas chacun fait se qu'il veut, personne ne s'approprie rien, et tout le monde sais que tout peut être éphémère.
Même la nature s'en mèle, les variations parfois enormes du niveau d'eau suivant l'évolution des nappes phreatiques (ou des fuites de canalisations en surface) modifient grandement le paysage, les concretions de calcaire tapissent les pierres lentement au fil du temps.
Pour toutes ces raisons mes séléctions d'images se doivent d'être large, tout a de l'importance, tout participe a cette ambiance et fait que le réseau est comme cela.
Je rappel que la visite de ces carrières est interdite et dangereuse pour les personnes non préparées. C'est un gigantesque labyrinthe plongé dans l'obscurité totale, difficile d'accès même pour
les secours, le téléphone ne fonctionne pas, les risques de blessures sont fréquents ainsi que les risques d’infections (Leptospirose), les mauvaises rencontres que vous pourriez y faire sont
aussi a prendre en compte.
L'accès aux "catacombes" de Paris est réglementé :
Arrêté préfectoral du 2 novembre 1955
Art.1. Il est interdit à toute personne non munie d'une autorisation émanant de l'Inspection Générale des Carrières d'ouvrir les portes et trappes d'accès aux escaliers et puits à échelons ou autres des anciennes carrières, de descendre dans ces ouvrages, de pénétrer et de circuler dans les vides des anciennes carrières s'étendant sous l'emprise des voies publiques de la Ville de Paris.
Art.2. Les contraventions au présent arrêté seront constatées par procès verbaux des commissaires de police et autres officiers de police judiciaire et des agents de l'Inspection Générale des Carrières ayant qualité pour verbaliser. Elles seront déférées aux tribunaux compétents.
Art.3. Le directeur de la police municipale et l'Ingénieur Général des Mines, Inspecteur Général des Carrières de la Seine sont chargés de l'exécution du présent arrêté qui sera inséré au recueil des actes administratifs et affiché dans Paris.
Fait à Paris, le 2 novembre 1955, Le Préfet de Police Dubois.